en arrivant au centre équestre aujourd'hui, une surprise nous attendait toutes. gaïa nous avait fait don de pégases et de licornes pour un event d'hiver. n'en ayant encore jamais vu, je me dirigeais vers les box cherchant de nouvelles têtes. bientôt, apparut un cheval qui venait apparemment d'être brossé et qui avait quelques brins d'herbe. je m'arrêtais net, et je ne cherchais pas plus loin. c'était le cheval le plus beau que j'ai jamais vu encore. un bel arabe bai me regardait, soufflant fort d'un air agacé. il semblait ne pas avoir aimé la visite précédente, et je décidais de tenter ma chance. avant d'entrer, je regardais la plaque en or faite par gaïa qui était accrochée au box ; héphaïstos ... quel nom ! ça lui allait comme un gant. mais le nom d'héphaïstos me rappelait aussi une longue histoire assez triste concernant le dieu qui porte ce prénom. je m'efforçais de me dire que ce cheval n'avait pas l'air triste puis d'un air déterminé, j'entrais dans le box. tout d'abord, héphaïstos coucha les oreilles et se cabra, pour m'impressionner. mais comme je connaissais le caractère de mes arabes qui la plupart étaient les mêmes, je ne bronchais pas. quand il arrêta, il me regarda simplement d'un air méchant, semblant vouloir me dire de partir. je ne cherchais pas d'ennuis, mais je ne voulais pas non plus me faire rejeter. alors, je pris le licol au liserai d'or et lui mis avec courage. j'avais décidé de l'emmener dans le rond de longe, car il semblait avoir besoin de se dépenser. au contraire du box, héphaïstos me suivait docilement. l'encolure légérement arquée, les oreilles mobiles et alertes, il guettait tout ce qu'on croisait. son pas sauté, faisait rebondir avec souplesse et grâce les courbe de sa musculature reluisante sous le soleil de juillet. sa queue arrogamment panachée retombait en une cascade déchainée sur sa croupe bombée. cela ne faisait que quelques minutes que l'étalon et moi faisions connaissance mais déjà, quelque chose de particulier me liais à cet étrange cheval aux allures de prince. on arrivait alors au rond de longe. là je laissais héphaïstos en liberté pour qu'il puisse se dégourdir un instant les membres et qu'il me montre surtout sa réaction fasse à cette liberté prémédité. et je ne fus pas déçue par cette somptueuse créature. en effet, aussitôt il partit en ruant, fouettant l'air de queue noire, arquant abusivement l'encolure faisant ainsi jaillir les veines de cette bombe équine. il partit dans un galop magnifique. serrant les virages. pilant à la pointe du mur en bois. son agilité, et son ardence me laissais de glace. jamais je n'avais autant de force et de grâce combinés dans un seul cheval. rien n'aurait pu l'arrêter. le sable volait ombrant, l'ombre de sa silhouette mouvante. lorsque je jugeais bon de reprendre les choses en main, et de l'appliquer un peu j'entrais dans l'espace fumant de sauvagerie et de pourpre sablée. je sifflais quelques instants restant à une bonne distance de l'étalon qui s'était stoppé net et droit en face de moi. ces membres plantés dans le sol, il bombait virilement le torse. alors j'attendit, comme on me l'avait enseigné. j'attendis qu'il vienne. je plantais alors mon regard dans le sien. celui-ci renfermait le néant. un néant tumultueux ou beaucoup ont déjà sombré. il était magnifique. une fois reprit en main, ce que je regrettais tout de suite, je le ramenais à son box, son regard planté dans le mien. puis, je le lâchais dans son box, ou il fit un saut de mouton. je ne sais pas combien de temps je resta là à l'attendre. mais la rosée s'était déjà envolée et le soleil était déjà bien haut dans le ciel. mais ma patience porta ses fruits car il s'approcha ronflant légèrement des naseaux. son souffle vint alors balayait les mèches collées sur mon visage. son souffle était chaud ténébreux. je lui flattais doucement et langoureusement l'encolure jusqu'à ce que son corps se détente et perd de son ivresse. ensuite, je partis.

alors que je me réveillais très tôt ce matin, je constatais qu'il était neuf heures. une bonne heure pour aller voir héphaïstos une nouvelle fois, l'ayant vu hier déjà. je ne sais vraiment pas ce qui m'attirait autant. je savais que sa beauté était incomparable et qu'il avait pleins de qualités, mais autre chose me plantait sur place. j'étais attirée, tel un aimant, par une chose qui émanait de lui. déjà, j'étais pressée de revoir ses allures spectaculaires, et son regard qui semblait me dominer. en arrivant devant son box, il était là, droit, bombant le torse et la tête haute, l'air fier et libre. cette fois-ci, il y avait un peu de terre collée sur son corps, ce qui semblait beaucoup le gêner. peut-être d'autres chevaux ne s'en serait même pas occupé, mais les arabes ont la réputation de vouloir rester fier et beau, donc ça exigeait qu'il n'y ait pas de crasse sur leur robe. j'entrais donc avec une brosse, puis je lui laissais sentir mon odeur. il coucha ses oreilles en arrière, mais comme il vit que je ne réagissais toujours pas depuis hier, il arrêta et se laissa faire pour la suite. je dirais même qu'il me présenta les parties de son corps où la terre était collée, et où il n'avait rien pu faire. c'est vrai que, magnifique comme il était, c'était dommage de gâcher une si belle robe avec un peu de crasse. héphaïstos me regarda fixement tout du long de mon travail, puis il sembla me remercier du regard. peut-être était-ce moi qui me faisait des idées ... mais l'arabe ne me donnait pas le même contact qu'entre moi et mes chevaux. peut-être avait-il des pouvoirs qu'il pouvait utiliser avec sa corne, ou tout simplement contrôler quelqu'un du regard. stop ! là j'allais trop loin ! revenons à nos moutons. je pris pour la première fois les affaires du bai, en lui mettant un beau tapis, au liserai d'or, une selle marron très clair et un filet, plus que magnifique d'ailleurs, marron très clair avec des diamants sur le frontal et les boucles en or. wahou ! quel équipement. j'aimerais savoir qui lui a fait ça. peut-être gaïa, ouranos ou quelqu'un d'autre d'ailleurs. j'arrêtais de me poser des questions, puis je lui posais une question à lui. " aimes-tu la vitesse ? parce que c'est ce que j'ai prévu de faire. je sais que tu as besoin de sortir tous les jours pour te dépenser. alors j'ai pensé que, comme tu sembles aimer aller vite, tu aimerais galoper ". je ne sais pas pourquoi, mais à cet instant, je crus entendre un hennissement dans ma tête. alors, il souffla doucement des naseaux et tapa du pied, comme s'il s'impatientait. je l'emmenait dans l'hippodrome, et dès que je montais sur l'arabe, il partit au trot. la voix dans ma tête me disait, mets-moi au pas, mets-moi au pas. c'était un piège. il ne fallait pas que je tire sur les rênes, sous peine d'avoir un énervement de la part du petit monsieur. je le calmais du mieux que je pus ... avec ma voix. on m'avait toujours apprit à ralentir un cheval chaud bouillant avec la voix. " allez mon grand, je te donne ta liberté. fais moi rêver." je ne lui ferait pas prendre un départ dans starters. il était d'abord préférable, de juger sa vitesse et sa volonté à dépasser ses limites. à mes mots, je lâchais les rênes après l'avoir placé sur la piste, et je n'eus qu'à exercer une mince pression sur ses flancs frémissants qu'il jaillit d'un bond phénoménal nous propulsant dans un galop brisant le mur du son, défiant toutes les lois de la nature. je ne pouvais faire qu'une chose. m'accrocher et le laisser faire. chrono en main, je m'allongeais sur son encolure comme je savais le faire, cachant le voile de mes yeux dans sa crinière mouvante. il galopai, sans plus pouvoir s'arrêter. crins aux vents, il allait, se laissait porter par le vent comme il le faisait tout le temps. il faisait corps avec la nature. c'est ce que j'aimais chez lui. cette force d'instinct, cette force physique et cette puissance déstabilisante. il fallait le vivre pour y croire. les joues écarlates, les yeux brillants et le coeur tambourinant, je volais. pour la première fois de ma vie, je me sentis décoller. qui aurait put briser cette instant magique ? pas vous, ni moi. pour la simple est bonne raison que c'était l'arabe que je chevauchait qui dirigeait, contrôlait. personne n'aurait pu lui ôter cette liberté provisoire. cela faisait plus d'une heure que nous galopions. que nous faisions corps et âme. une heure. alors il s'arrêta. me laissa choir tout contre lui. et nous rentions ainsi. " merci ", lui murmurais-je.

de retour au centre équestre, je me dirigeais, évidemment, vers le box d'héphaïstos. celui-ci m'avait demandé d'attendre quelques jours avant de reprendre le travail. j'avais attendu. peut-être trop ? ou peut-être pas assez ?il se trouve que j'avais senti en me levant ce matin que c'était le bon moment. nous étions en début d'après-midi, et je revenais de l'entraînement avec mes chevaux. je m'arrêtais devant le box de l'heureux élu. il était si ... magnifique. la posture dans laquelle il était le rendait fier et lorsqu'il se retourna pour me fixer, un sentiment de liberté m'envahit. il me faisait part de ce qu'il voulait par l'intermédiaire de mon esprit. ça tombait bien ! je voulais d'ailleurs aujourd'hui faire un peu de saut en liberté, puisque j'avais entendu dire qu'il aimait sauter, mais je savait aussi qu'il aimait la liberté. donc j'avais décidé de mélanger deux de ses sorties favorites pour lui faire plaisir. mais avant je devais le préparer comme il se doit. j'ouvris ( enfin ! ) la porte de son box, puis je lui donnait une carotte. ensuite, je le laissait me sentir. il reconnut mon odeur et se laissa brosser. par la suite, j'allais chercher des guêtres pour les antérieurs et pour les postérieurs, puis je lui mis son licol que j'aimais tant avant de partir pour le rond de longe, où j'avais installé les barres. " allez rentre mon grand, tu vas pouvoir t'amuser un peu ". je n'eus pas à lui rappeler une seconde fois, qu'il partit comme une flèche dans le rond de longe, dégageant une vapeur de fumée ocre dans tout l'espace clos. cela me fit tousser quelques instants mais à travers la brume poussiéreuse j'aperçus l'ombre de ce grand bai s'envoler par dessus les petits obstacles dans un galop impétueux et fier. il avait un sacré bon coup de saut. une détente parfaite, et une réception délicate et souple. de temps à autre il lançait des petites ruades pour montrer son amusement et cette soif de liberté. quand je parvenais à croiser son regard ombragé et profond, je ressentais milles et uns frissons. je ne pouvais m'empêcher de croire que ce cheval venait de loin. et que lui, ou ses antérieurs avaient connu une vie autre que celle-ci. une vie sans barrières, ni frontières, ni hommes pour guider ses pas. quelque part, je m'en voulais d'être cet homme qui guidait en ce moment même, sa vie. mais pourtant il ne semblait pas me détester . au contraire, plus nous partagions de chose ensemble, plus il semblait vouloir m'en donner. je décidai de rentrer dans le rond de longe une fois qu'il se soit calmé et je pris la longe de travail. j'attendis qu'il vienne à moi pour la lui accrocher au cuir du licol. " allez, on va perfectionner ce saut mon grand ! donne tout ce que tu as ! pas de limite de vitesse aujourd'hui ". je fis claquer la longe sur mon jean , et héphaïstos partit dans un galop fou, cambrant impétueusement l'encolure, panachant avec exagération sa longue queue noire, et secouant son encolure reluisante de sueur dans la clarté étouffante de ce soleil d'hiver. je lui fis prendre chacun des obstacles formant un cercle pour les aborder un à un, il ne semblait même pas les voir, et faisait des bonds de 2 mètres visiblement amusé par ce jeu attrayant. quelques fois je lui faisais changer de sens claquant à nouveau le noeud de ma longe sur mon pantalon poussiéreux. un coup de langue et hop ! il se lançait dans le sens opposé à la conquête des obstacles. je n'avais rien à lui demander, il faisait tout. l'écume qui imprégnait son corps sculptait, assombrissait sa robe. " tout doux beauté ! c'est l'heure de manger. viens mon brave". j'attendis qu'il s'avance et quand il s'arrête devant moi je lui flattai l'encolure. " bien joué ! tu les a tous épatés !", dis-je en montrant la bande de chérubins affalés sur le mur en bois, les yeux écarquillés de stupéfaction. sur ce, je le rentrait le sourire aux lèvres, en pensant que j'avais passé une des meilleures séances de ma vie avec lui aujourd'hui. j'étais contente de ne pas avoir prévu d'entraînement dehors, puisqu'il y avait une tempête de neige. aussi, je me demandais comment j'allais rentrer. avec ce temps, je ne pouvais me permettre de prendre ma voiture. je restais donc 1 heure près du box d'héphaïstos, et traînant un peu aux alentours, pour ne pas l'agacer. aussi, quand le temps se calma, je lui offris un cadeau. " tiens ma beauté. je ne sais pas quand tu vas partir. et comme j'ai peur de ne pas te revoir avant, je te l'offres tout de suite. joyeux noël héphaïstos ! ". à l'intérieur du paquet, il y avait un couvre-reins, avec ma photo dessus, comme souvenir, il y avait des carottes, des pommes et un bloc de sel, pour qu'il se rappelle des goûts des friandises de la terre, puis, le dernier des cadeau, et aussi le plus important, était une brosse. je lui expliquais que c'est moi qui l'avait faite, avec des poils de sanglier, et qu'elle était réputée pour faire briller le poil comme jamais, et qu'elle le rendais très doux. il sembla apprécier ses cadeaux et me remercia du regard. je lui déposais un bisou sur les naseaux, puis je m'en allais, espérant tout de même le revoir d'ici là.